Emissions négatives
Ce chapitre propose une façon juste, socialement acceptée et compatible avec l’environnement qui inclût les émissions négatives dans les efforts de mitigation pour atteindre l’objectif d’émissions zéro en 2030.
Vous êtes en train de lire le Sommaire Exécutif du Plan d’Action Climatique. Ici, vous pouvez lire le chapitre complet:
Introduction
Les NET (technologies d’émission négative) captent le CO2 des gaz d'échappement résultant de processus difficiles à remplacer ou extraient le CO2 de l'atmosphère et ce, de manière purement technique ou par l’intermédiaire de plantes. Nombre de ces technologies sont déjà testées et utilisées aujourd'hui. Cependant, les émissions négatives qui en résultent sont infinitésimales. Néanmoins, il existe d'énormes potentiels pour le stockage final sûr du CO2 - selon le rapport du GIEC SR 1.5 certainement 2000 Gt, alors que les émissions annuelles s’élèvent actuellement à moins de 40 Gt de CO2. On estime que la sécurité de ces dépôts de stockage est très élevée. Les technologies et les réservoirs nécessaires pour éliminer de grandes quantités de CO2 de l'atmosphère existent déjà aujourd'hui.
En outre, il est incontestable que les NET sont nécessaires pour limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C, tel que prévu par l’Accord de Paris sur le climat. Ainsi, les 90 scénarios climatiques compatibles avec l'objectif de 1,5 degré, consignés dans le rapport SR 1.5 du GIEC, nécessitent des émissions négatives à grande échelle, débutant entre 2020 et 2030. De plus, presque tous les scénarios climatiques actuels sont basés sur le fait que des quantités massives de CO2 seront éliminées de l'atmosphère dans la seconde moitié du siècle afin de stabiliser le réchauffement climatique.
Néanmoins, les NET ne permettent en aucun cas de maintenir le "business as usual", car l'élimination et le stockage du CO2 sont coûteux et gourmands en énergie - les NET devraient donc être réservés aux émissions difficiles à éviter. L'aviation, l'agriculture et la production de ciment en sont des exemples. Les NET ne sont donc pas une alternative à la réduction des émissions, mais un complément pratiquement indispensable.
Les technologies
Les 7 NETs étudiées ainsi que leurs possibilités de stockage sont brièvement expliquées ci-dessous, ainsi que leurs conséquences potentielles, coûts et effets secondaires (Graphique 2).
- Capture et stockage directs du CO2 depuis l’air
Le technologie Direct Air Capture (DAC) permet d’extraire directement le CO2 de l’air. Le CO2 extrait de la sorte en Suisse est ensuite stocké de manière sécurisé (enfoui) sous la croûte terrestre. Selon les estimations, la Suisse aurait une capacité de 2,68 Gt. Cette technique de stockage, considérée comme très sûre, est déjà utilisée depuis 40 ans et a permis d’enfouir environ 0,26 Gt de CO2. - Bioénergie avec captage et stockage de CO2
La combustion de biomasse (p. ex. des déchets issus des plantes, des résidus de bois etc.) permet de générer de la chaleur ou de l’électricité. Le CO2 contenu dans les gaz émis peut être stocké dans le sol, comme dans le cas de la technologie DAC. Ainsi, le carbone peut être extrait du cycle du carbone et stocké en toute sécurité. - Captage et stockage du CO2 dans le secteur industriel
Au sein de certaines infrastructures industrielles telles que les centres d’incinération de déchets ou les sites de production de ciment, le CO2, hautement concentré, peut être filtré de manière ciblée et enfoui dans le sol, comme dans le cadre du DAC. - Altération forcée
L’altération forcée est un processus au cours duquel des roches minérales sont décomposées et dissoutes à la surface de la terre. Le fait de décomposer les roches accélère leur réaction avec le CO2 contenu dans les eaux de pluie, donc le processus d’altération naturelle. Lorsque l’eau de pluie finit dans les océans, le CO2 s’y trouve stocké, pour de nombreuses années, sous forme de minéraux carbonatés. Ce processus permet également de lutter contre l’acidification des océans. - Reforestation, boisement et augmentation de l’utilisation de bois
La reforestation ainsi qu’un plan de boisement planifié et une augmentation de l’utilisation de bois comme matériau de construction permettent de stocker près de 3 Mt de CO2 chaque année. - Carbone végétal
Il est également possible, grâce à ma chaleur, de transformer des plantes à croissance rapide ou des déchets issus de la production agro-alimentaire en carbone végétal, qui peut être stocker dans le sol. La chaleur générée peut être utilisée directement ou convertie en électricité. - Séquestration du carbone dans le sol
Des changements dans l’utilisation des terres agricoles permettrait d’augmenter la teneur en carbone des sols, donc d’en améliorer la qualité.
Mesures
À l’heure actuelle, le coût de ces NET est deux à trois fois plus élevé que ce que nous avons décrit précédemment. Néanmoins, étant donné l’innovation technologique et l’augmentation de leur utilisation, les prix sont amenés à décroître de manière significative. Pour que ces NET permettent un taux d’émissions nettes à zéro d’ici 2030, et ce, de la manière la plus économique possible, il est primordial d’y avoir recours mais aussi d’en assurer la promotion et d’en étendre l’utilisation dès aujourd’hui. Reporter encore l’utilisation des NET ne fera qu’ajouter un fardeau supplémentaire aux générations à venir et empêchera, au moins partiellement, la Suisse de compenser l’équivalent de ses émissions domestiques, voire plus si nécessaire. Toutefois, étant donné que l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère est en fait “gratuit” à l’heure actuelle, aucune compensation financière n’incite les pays à extraire le CO2 de l’atmosphère. Ainsi, dans un véritable soutien politique, les NET seront mis en œuvre trop tardivement pour pouvoir avoir les effets nécessaires sur l’équilibre en CO2 de la Suisse.