Coopération internationale et financement climatique
«What do we want? Climate justice!». La crise climatique est une crise globale et la Suisse doit assumer ses responsabilités internationales selon le principe de la justice climatique.
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Sommaire
La Suisse accepte sa responsabilité face au réchauffement climatique mondial; La politique et les mesures (climatiques et al.) de la Suisse reposent sur son impact climatique (total et historique). Ce qui implique que les émissions GES issues de la consommation, les investissements et les activités commerciales liés à des projets d’extraction des énergies fossiles, la déforestation et d’autres projets causant la destruction de l’environnement sont pris en compte. Le fil rouge de la politique climatique de la Suisse sur la scène internationale est la justice climatique. La justice climatique signifie choisir une approche qui répond à des critères éthiques dans la lutte contre la crise climatique, non seulement vis-à-vis des générations futures, mais aussi d’un point de vue géographique et historique : certains sont responsables ou en tirent un profit, d’autres subissent les conséquences ou doivent en assumer les coûts.
Par conséquent, il est inacceptable de considérer les répercussions désastreuses du réchauffement climatique comme étant une affaire purement technique. Le concept de justice climatique englobe donc non seulement le sujet de justice générationnelle mais également les problèmes d’inégalités et de distribution mondiales. Cela signifie que les grands émetteurs tels que la Suisse doivent contribuer bien plus à la réduction mondiale des gaz à effet de serre causés par l’homme que les pays du Sud qui en émettent beaucoup moins par habitant.
Concernant le financement de la lutte contre le changement climatique, l’obligation par l’Accord de Paris des pays industrialisés de contribuer à un fonds commun de 100 milliards de dollars par an pour la protection du climat et les mesures d’adaptation dans les pays en développement, doit être appliquée en Suisse selon les principes de justice climatique et de responsabilité internationale en matière climatique. Ce qui signifierait une contribution de 1 milliard de Francs suisses par an. Cela étant dit, le financement climatique ne doit pas se faire aux dépens de la coopération au développement. Le soutien des populations les plus pauvres et les plus vulnérables des pays du Sud dans la lutte contre le changement climatique n’est pas synonyme de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités. La réduction des gaz à effet de serre (l’atténuation) et la résilience aux effets du changement progressif du climat (l’adaptation) peuvent complémenter la coopération au développement, mais jamais la remplacer.
Actuellement, la Suisse et d’autres pays du Nord cherchent à acquérir des crédits offset par delà leurs frontières, surtout au Sud. Cette approche va à l’encontre du principe de justice climatique. D’une part car ces pays ne réduisent par leur émissions GES de manière adéquate puisque l’échange de crédit d’émissions GES exige une compensation continue et ne les exempte pas de réduire leurs émissions sur le sol national. D’autre part, les retombées de nombreux projets offset sont contestables ou violent les droits humains. Les émissions GES ne doivent donc pas être externalisées en échange de Internationally Transferred Mitigation Outcomes (ITMO) et/ou de compensations à l’étranger.
Les accords de libre-échange sont en grande partie responsables de la crise climatique à trav ers la déforestation, la destruction des pratiques agricoles locales et la violation des droits humains qu’ils engendrent.
Il est nécessaire que l’application de la justice climatique prenne en compte les accords commerciaux. Le respect des droits humains et des accords internationaux pour la protection de l’environnement doit prévaloir toute disposition d’autres traités internationaux, en particulier les accords commerciaux. Dans le doute, l’application des dispositions dans les accords commerciaux devrait être suspendue. La Suisse devrait également plaider en faveur de l’adoption de ce concept en droit international.
Même si le CAP stipule que les émissions GES de la Suisse doivent être réduite à zéro émissions nettes d’ici 2030, un engagement similaire et juridiquement contraignant doit être pris au niveau international.
L’objectif du Traité de non-prolifération des combustibles fossiles est d’éliminer progressivement l’utilisation des énergies fossiles dans le monde grâce à un accord juridiquement contraignant. La “non-prolifération” se réfère à la prévention de l’exploitation de nouvelles ressources fossiles. Ce traité suit l’exemple du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires négocié durant la Guerre Froide. La grande différence par rapport à l’Accord de Paris est qu’il est juridiquement contraignant et les Etats membres ont la possibilité d’infliger des sanctions économiques à toute partie qui violerait ce traité.