En octobre, la Confédération a publié une vidéo dans laquelle le ministre de l'économie Parmelin mettait en garde contre une "pénurie d'électricité". Au même moment, une étude a été publiée selon laquelle, en l'absence d'un accord sur l'électricité négocié d'ici là ou d'autres dispositions bilatérales avec l'UE, une panne d'électricité de 47 heures pourrait survenir en mars 2025 si un tiers des centrales nucléaires françaises et la centrale nucléaire de Gösgen I+II tombaient simultanément en panne. Un scénario très improbable, mais à prendre au sérieux.

Les réactions n'ont pas tardé : l'UDC et le PLR ont déclaré que la stratégie énergétique 2050 adoptée par les électeurs.trices avait échoué et ont exigé la construction de nouvelles centrales nucléaires. Seulement, il est certain qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne verra le jour en Suisse en 2025, car le processus politique à lui seul prendrait plus de temps. Ensuite, il faudrait encore la construire. Et ce, dans l'hypothèse où quelqu'un financerait la construction d'une nouvelle centrale nucléaire. Indépendamment de l'attitude politique vis-à-vis de l'énergie nucléaire, on peut constater qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne sera définitivement en service dans trois ans. Les deux partis de droite le savent aussi secrètement. C'est pourquoi economiesuisse, l'association des grandes entreprises, réclame notamment la construction de centrales à gaz. Le Conseil fédéral, qui est de facto le bras politique d'economiesuisse, ne semble pas non plus hostile au développement de l'énergie au gaz. En réaction à l'étude sur la sécurité d'approvisionnement potentielle, il a commandé un concept pour le développement de l'énergie à gaz. Celui-ci est désormais disponible, mais reste secret. En outre, la ministre de l'environnement Sommaruga a esquissé un plan en cinq points qui envisage également la construction de centrales à gaz.

Ce qui est absurde dans tout ce débat, c'est que l'étude de la Commission de l'électricité (ElCom) ne fait aucunement mention des énergies renouvelables. L'étude affirme également que le risque de pénurie potentielle d'électricité peut être écarté si un accord sur l'électricité ou une autre solution bilatérale avec l'UE est en place. Le problème est donc clairement dû à l'échec des négociations sur un accord-cadre avec l'UE. Il faut maintenant trouver rapidement un accord sur l'électricité avec l'UE qui permette de résoudre ce problème.

Le lobby du gaz passe à l'attaque

Néanmoins, ce débat, clairement dominé par les grandes associations d'entreprises et les partis bourgeois, a lieu. L'objectif est clair : il s'agit de saboter la Stratégie énergétique 2050 afin de rendre l'énergie gazière acceptable. L'industrie gazière peut compter sur de nombreux.ses lobbyistes au Parlement. L'une d'entre elles est Elisabeth Schneider-Schneiter, conseillère nationale du Centre, qui met régulièrement en garde depuis des semaines sur les médias sociaux contre un black-out. Ce qu'elle ne mentionne pas, c'est son mandat bien rémunéré auprès de l'entreprise EBM (Genossenschaft Elektra Birseck) qui, selon lobbywatch.ch, possède des parts dans des entreprises et des centrales gazières. Son collègue de parti Nicolò Paganini est président de l'IG Erdgas, le montant de ses honoraires n'est pas connu, et le conseiller national PLR Martin Schmid est administrateur de Swiss, le montant de son salaire est également inconnu.

Le débat européen sur le gaz

La question de l'approvisionnement énergétique n'est pas seulement remise sur la table en Suisse, mais dans toute l'Europe. La Commission européenne a récemment classé le gaz et l'énergie nucléaire parmi les technologies vertes, une décision désastreuse et fatale au vu de l'aggravation de la crise climatique. Le gaz naturel est, avec le charbon et le pétrole, également un combustible fossile dont la consommation doit être réduite à zéro le plus rapidement possible.

D'autres pays européens sont déjà confrontés à une pénurie d'énergie en raison de la rétention des livraisons de gaz russe. En Angleterre notamment, les prix du gaz augmentent depuis des mois et sont déjà inabordables pour de nombreuses personnes. Par ailleurs, le mouvement climatique allemand exige que le gazoduc Nord Stream 2, un gazoduc direct de la Russie vers l'Allemagne, ne soit pas mis en service. Le conflit autour de ce gazoduc s'est intensifié ces dernières semaines en raison de la situation tendue à la frontière ukrainienne.

Le mensonge du gaz vert

Les partisans de l'énergie au gaz, qui gagneraient tous beaucoup d'argent en construisant de nouvelles centrales, affirment que la production d'énergie serait neutre pour le climat. C'est de l'écoblanchiment pur et simple : le gaz ne peut être "climatiquement neutre" que si les émissions de gaz à effet de serre qui en résultent sont capturées et stockées pour l'éternité. Un procédé extrêmement gourmand en énergie qui, outre le fait qu'il ne permet pas d'économiser de l'énergie, est très coûteux.

Nous avons besoin de solutions réelles et efficaces

La Grève du Climat empêchera par tous les moyens un développement de l'énergie à gaz en Suisse. Exiger la construction d'une centrale à gaz en pleine crise climatique peut sembler être une blague amusante dans une émission du samedi soir. Mais cette politique énergétique et climatique n'a rien de commun avec la réalité. Ce qu'il faut maintenant, c'est un développement rapide et subventionné des énergies renouvelables. La Grève du Climat a élaboré ces mesures en détail dans le plan d'action climatique. Il s'agit par exemple d'une obligation d'installer des panneaux solaires subventionnés sur tous les toits appropriés et de la formation d'installateurs photovoltaïques*. Des solutions efficaces et respectueuses du climat sont sur la table depuis des années, elles doivent maintenant être mises en œuvre rapidement.